
Le CREDOC a publié le dernier Baromètre du numérique 2022. Selon ses résultats, les outils numériques sont devenus encore plus indispensables au quotidien l’issue de la crise sanitaire. Mais ils laissent aussi de côté de plus en plus de personnes qui n’en maîtrisent pas les usages : près d’un Français sur deux rencontre des freins dans l’utilisation de ces outils.
Une société qui se numérise et qui creuse les écarts
Concernant les pratiques numériques, relevons tout d’abord que 92% des Français de plus de 12 ans sont connectés à Internet et que 82% sont des internautes quotidiens. Derrière ces chiffres, quelles réalités ?
Les inégalités s’accentuent entre catégories sociales : ainsi, 71% des cadres et professions intellectuelles estiment s’être mieux approprié les outils numériques pendant la pandémie, contre 43% des retraités et 38% des personnes non diplômées. Au final, 48% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’effectuer des démarches en ligne, un nombre en hausse par rapport à 2021 et ce, dans toutes les catégories de la population. Enfin, 11% des Français ne possèdent pas d’équipement numérique, et 9% n’ont pas accès à internet ou difficilement. Notons que ce point est un motif particulier d’inquiétude, alors même que le gouvernement finalise la « digitalisation » des 250 démarches du service public les plus fréquemment effectuées par les Français… Un sujet sur lequel les alertes du Défenseur des droits ne semblent pas avoir été entendues.
Empreinte environnementale et durabilité des terminaux
Le baromètre s’est par ailleurs penché sur l’empreinte environnementale et la durabilité des terminaux : il ressort, entre autres, que le taux de renouvellement des téléviseurs est extrêmement rapide (47% des personnes sondées ont déclaré avoir remplacé leur téléviseur alors qu’il fonctionnait encore et seuls 10% des achats concernent des postes de seconde main). Un sujet inquiétant, quand GreenIt nous indique que la fabrication du matériel est la première source de l’impact environnemental du numérique. La marge de progression est également très grande en ce qui concerne les smartphones : seuls 20% d’entre eux ont été acquis reconditionnés ou d’occasion.
Alors même que le numérique représente 2,5 % de l’empreinte carbone nationale, et que ce secteur pourrait atteindre 6,7 % des émissions de gaz à effet de serre nationales si rien n’est fait d’ici 2040 pour réduire cette empreinte (source : rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat), le Baromètre du numérique 2022 nous incite à prendre du recul sur nos pratiques collectives et à interroger les parties prenantes sur la pollution numérique, dont l’usage explose dans notre quotidien, et ses enjeux sociétaux.