
L’Arcep se révèle très active, depuis quelques années, sur le sujet des impacts environnementaux du numérique. Après une publication mettant en avant la croissance prévisible de la pollution numérique, et la diffusion du Baromètre 2022 alertant sur l’accélération d’une transition numérique accentuant les inégalités, l’institution a présenté le 3 avril un document analysant les pratiques méthodologiques pour mesurer l’impact environnemental du numérique.
Sujet assez technique en soi, mais essentiel : comment mesurer cet impact si on n’utilise pas les bons outils, voire, si chacun utilise des outils différents ? C’est pourtant bien le constat auquel l’Arcep aboutit.
Un manque de données et de méthodologie
Si de nombreuses études tentent désormais d’évaluer l’impact environnemental du numérique, leurs résultats peuvent varier d’une étude à une autre. Plusieurs raisons expliquent ces divergences selon l’ARCEP et l’ADEME :
- D’abord, la disponibilité et la qualité des données utilisées dans les différentes études. Sujet essentiel évidemment : si les données manquent ou ne sont pas fiables, il est facile de sous-estimer l’impact environnemental du numérique. De ce point de vue, le cadre réglementaire est encore trop peu précis pour obliger les entités, qui sont souvent juges et parties dans leur promotion de « solutions » numériques, à faire un travail robuste et transparent ;
- Ensuite, le déficit d’ancrage méthodologique : Le premier volet de l’étude publié par l’ADEME et l’Arcep en 2022 indique que sur un échantillon exhaustif de 132 études publiées après 2010, la majorité d’entre elles ne font pas mention de référentiels (91%). Certaines études font simplement mention d’un ou de plusieurs référentiels sans les suivre (7%) et très peu d’études (2%) mentionnent de façon explicite le suivi total ou partiel d’un référentiel pour l’évaluation d’impacts environnementaux ;
- Enfin, la faible utilisation du référentiel de méthodologie d’évaluation promu par l’Union internationale des communications (UIT). Ce point rend le précédent encore plus surprenant, car un référentiel existe : le standard UIT-T L. 1450. L’Union Internationale des Télécommunications a défini en 2018 cette recommandation qui spécifie l’approche méthodologique à suivre pour évaluer l’empreinte carbone du secteur des TIC selon une approche par cycle de vie. Bien que considéré comme faisant autorité par les experts, ce standard n’est pas suffisamment utilisé par les études d’impact.
Un secteur en retard en matière de mesure de ses impacts environnementaux
Ces constats ne laisseront pas d’étonner les acteurs actifs dans le domaine du développement durable et de l’empreinte environnementale des produits et des services. En effet, de nombreux secteurs, dont celui du papier, ont déjà travaillé à définir des référentiels sérieux pour mesurer leurs impacts. Il est surprenant de voir que celui des technologies de l’information et de la communication, qui par nature est identifié par l’opinion publique comme à la pointe de l’innovation, présente en réalité sur ce sujet un retard considérable.
Retrouvez ici la publication de l’ARCEP.