
L’Insee publie un enquête faisant un état des lieux du rapport des français à la numérisation administrative. Le résultat n’est pas brillant : cette enquête confirme l’alerte lancée il y a quelques années par le défenseur des droits, et renouvelée cette année par son successeur. Les ONG aussi multiplient les cris d’alarme… le message sera-t-il un jour entendu ?
67 % des adultes ont effectué au moins une démarche administrative en ligne
L’enquête de l’Insee fait d’abord le constat que la bien mal nommée « dématérialisation » des démarches administratives s’est largement développée au cours des dix dernières années. En 2021, 67 % des personnes de 18 ans ou plus résidant en France métropolitaine déclarent avoir effectué au moins une démarche en ligne auprès de l’administration au cours des douze derniers mois, alors qu’elles n’étaient que 33 % en 2011. La part de personnes déclarant leurs impôts en ligne a aussi plus que doublé en dix ans, passant de 24 % en 2011 à 60 % en 2021. 31 % des usagers ont effectué d’autres types de démarches en ligne, comme une inscription scolaire ou une déclaration de changement de coordonnées.
À l’inverse, 33 % des personnes majeures n’ont fait aucune démarche en ligne auprès d’une administration au cours de l’année. 40 % de ces personnes n’ont pas utilisé Internet du tout dans l’année. Pour les autres, les raisons invoquées pour expliquer l’absence de démarche en ligne témoignent également d’une gêne avec la numérisation : 30 % déclarent préférer transmettre les formulaires par courrier, 26 % disent se rendre directement sur place pour effectuer les démarches et 24 % déclarent manquer des connaissances informatiques nécessaires.
Les contraintes liées à la numérisation administrative peuvent s’avérer un véritable obstacle et conduire les personnes les plus vulnérables à renoncer à certaines démarches administratives.
32 % des personnes de 18 ans ou plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir renoncé au moins une fois à une démarche administrative en ligne au cours des douze derniers mois. Les trois quarts d’entre elles ont pu effectuer ces démarches autrement (par téléphone, sur place, etc.), mais un quart, soit 8 % de la population totale, a renoncé définitivement à les accomplir. Les raisons invoquées pour avoir renoncé à une démarche en ligne sont le plus souvent des blocages ou pannes d’Internet ou la trop grande complexité de la démarche à accomplir (voir graphique ci-dessous). Un quart des personnes ayant renoncé à une démarche en ligne déclare même ne pas avoir essayé par faiblesse ou manque de compétences numériques.

Le risque d’avoir rencontré des difficultés est plus fort pour les personnes défavorisées, identifiées dans l’enquête par le nombre de privations matérielles et sociales auxquelles elles sont confrontées.
Retrouvez les résultats détaillés de l’enquête sur le site de l’INSEE.