
Dans le monde de l’éducation, le papier demeure évidemment un support incontournable, aussi bien sur le plan économique qu’environnemental. Soumis à une règlementation stricte, destinée notamment à alléger le poids des cartables, les manuels scolaires doivent être plus légers et également depuis 10 ans utiliser un papier recyclé ou FSC. Or, répondre à toutes ces conditions s’avère complexe. Faisons le point sur un sujet qui illustre certaines idées reçues concernant le papier et l’imprimé.
Un secteur majeur de l’édition
Plus de 70 millions de livres scolaires et parascolaires ont été imprimés en 2019, année de la dernière grande réforme scolaire en date, ce qui représentait alors plus de 10 000 ouvrages différents et 14,6 % de la production totale de livres en France*. Un secteur majeur de l’édition que se partagent six éditeurs et quatre groupes : Lagardère Publishing (Hachette, Hatier), Humensis (Belin), Editis (Bordas, Nathan) et Albin Michel (Magnard). Auxquels il faut ajouter depuis 2016 un nouvel acteur, Le Livre Scolaire.
Une économie et un calendrier très serrés
Ces éditeurs sont confrontés à des conditions de réalisation et d’impression particulièrement contraignantes : non seulement les délais sont extrêmement serrés entre la publication des nouveaux programmes et la distribution des ouvrages, mais l’économie elle-même des manuels scolaires est difficile. Avec un prix moyen assez bas, les éditeurs doivent par ailleurs réaliser un investissement important en envoyant des spécimens gratuits aux enseignants pour les inciter à choisir leurs livres. Ce qui représente entre 15 et 40 000 exemplaires de chaque ouvrage à imprimer et à router, selon les niveaux et les matières concernés.
Le poids des cartables en jeu
Or, depuis un peu plus de 20 ans, la santé des élèves est devenue incontournable dans le débat. Déjà, en 1995, une note ministérielle intitulée “Le poids des cartables”, adressée aux recteurs, aux inspecteurs d’académie, aux directeurs départementaux et aux chefs d’établissement, estimait que celui-ci ne devait pas dépasser 10 % du poids du corps des enfants. Soit donc de 3 à 4,5 kilos dans le primaire. Alors que les poids constatés étaient – et sont encore dans bien des cas aujourd’hui – plus proches 9 à 13 kg.
Un grammage papier inférieur
Pour contribuer à cet allégement, les éditeurs sont censés, depuis 2008, « faire mention du poids et du grammage du papier au dos du fascicule, afin que enseignants et les familles bénéficient de toute l’information nécessaire au choix du manuel le plus respectueux de la santé des enfants ». Et de fait, les livres scolaires sont aujourd’hui plus légers que les autres types d’ouvrages publiés de même pagination, via l’utilisation d’un grammage papier forcément inférieur.
Le papier : plus léger… Et écoresponsable
En 2013 est venue s’ajouter une dimension écoresponsable. La loi impose désormais aux éditeurs que toute impression ou réimpression de livres scolaires soit impérativement « faite à partir de papier recyclé ou issu de forêts gérées durablement ». Mais toutes les contraintes déjà évoquées ne facilitent pas la tâche des éditeurs. Surtout compte tenu des volumes à imprimer chaque année.
Papier recyclé, PEFC ou FSC ?
« Le volume de production du papier recyclé est très faible en comparaison du papier de fibres vierges, » explique notamment la directrice de fabrication d’un éditeur, « Il est très loin de pouvoir couvrir la production des manuels scolaires. De plus, il y a une différence de coût importante, et comme nous sommes sur des budgets serrés… Enfin, les papetiers ne proposent pas de grammage faible comme le 70g, et ce support serait très difficile à travailler par les imprimeurs hors rotativistes. Les certifications PEFC et FSC sont donc mises en avant. » Ce cas concret illustre la complémentarité des types de papiers : si dans ce cas précis, le recyclé n’est pas techniquement adapté pour l’impression de manuels que l’on souhaite légers, le papier vierge représente une alternative tout à fait pertinente d’un point de vue environnemental.
Des opérations de recyclage ambitieuses chez Belin
Outre l’origine du papier et son grammage, les éditeurs de livres scolaires ne sont pas restés inactifs face à la question de la préservation de l’environnement. Depuis 2016, suite à un changement de programmes, 11,2 millions de livres étaient à imprimer, et les éditions Belin ont par exemple lancé une opération avec Veolia pour collecter et valoriser les anciens manuels scolaires. Baptisée « Ecogeste Collèges 2016 », l’opération a également permis de récolter des fonds pour l’UNICEF.
100% de papier recyclé, FSC ou PEFC chez Hachette
Même engagement chez Hachette, où l’on affiche un taux d’utilisation de papier recyclé, FSC ou PEFC, de 98% pour l’ensemble des manuels scolaires publiés et de 100% pour le scolaire. Et également un taux de recyclage des ouvrages, tous secteurs éditoriaux confondus, de 100%. « La boucle de l’économie circulaire n’étant toutefois pas sans fin, même si le pilon, et donc le recyclage, sont une solution environnementale acceptable, une production au plus près des ventes, une réutilisation, ou le recours à des technologies comme l’impression à la demande, sont des solutions plus vertueuses que Hachette Livre souhaite encourager, » précise-ton chez l’éditeur.
* Source : SNE (Syndicat national de l’édition)
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