« Objectif zéro papier ! », « Pensez à l’environnement, choisissez la facture dématérialisée !», « Sauvez les arbres !», autant de messages utilisés par de nombreuses entreprises et administrations, qui encouragent leurs clients à passer au tout numérique. Mais ces messages reposent-ils sur des faits ?
Ce genre de messages laisse penser que la communication électronique est plus écologique que la communication papier. En vérité, il est particulièrement difficile d’affirmer que la pollution du numérique est moindre sans tenir compte du cycle de vie complet de ces différents supports.
Le papier est produit à partir d’une ressource naturelle et renouvelable. Il est recyclable et très largement recyclé – son taux de recyclage atteint 79% en France en 2019. A l’inverse, la communication dite “dématérialisée” (un terme bien mal choisi en réalité, qui laisse croire qu’il n’existe aucune trace et donc aucune pollution due au digital), utilise beaucoup de ressources naturelles, que ce soit pour produire les équipements nécessaire à la communication numérique, ou pour les faire fonctionner.
La production d’un smartphone de 120 grammes nécessite en moyenne 70kg de matières premières et plus de 70 matériaux différents, dont des métaux rares.
Ministère de la Transition écologique – L’empreinte matières, un indicateur révélant notre consommation réelle de matières premières – Avril 2018
D’ici 2040, l’empreinte carbone des TIC pourrait représenter jusqu’à 14 % de l’empreinte carbone mondiale totale par référence à 2016, et donc dépasser l’empreinte relative actuelle du secteur agricole (9 %), et près de la moitié de l’empreinte totale actuelle du secteur industriel (29 %) aux États-Unis..
Journal of Cleaner Production, 2018
Le problème des déchets électroniques est colossal, et il prend de l’ampleur. Rien qu’en 2016, 44,7 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produits dans le monde, dont 435 000 tonnes de téléphones portables, soit plus que la masse de l’Empire State Building..
Fondation Ellen MacArthur, 2018
« Si le cloud était un État, il se classerait 6ème au monde en terme de demande annuelle en électricité, avec une demande qui devrait augmenter de 63% d’ici à 2020. ».
Greenpeace, 2014
« 306 millions de tonnes de CO2 c’est ce que la vidéo en ligne a engendré en 2018. ».
The Shift Project, L’insoutenable usage de la vidéo en ligne, 2019
Les consommateurs doivent pouvoir être informés des impacts environnementaux du secteur de la communication, que celle-ci soit électronique ou papier. Ils doivent pouvoir réaliser un choix sur des bases solides et sérieuses, correspondant à la réalité des impacts et des usages du numérique ou du papier. Une comparaison doit donc être réalisée en prenant en compte la totalité des impacts des deux supports. Cela nécessitera une enquête sur les pratiques réelles des citoyens ou consommateurs concernés.
Car les résultats peuvent surprendre : une étude environnementale réalisée en 2019 a modélisé les pratiques actuelles des différents supports publicitaires. Cette étude démontre que des campagnes d’imprimés publicitaires sont plus vertueuses d’un point de vue environnemental que des campagnes digitales équivalentes, pour 15 indicateurs sur 16. Pour une facture d’électricité, une facture papier envoyée par courrier adressé présente un bilan plus favorable qu’une facture électronique accessible en ligne sur un site web avec notification par mail pour 9 indicateurs environnementaux sur 16, notamment le changement climatique, l’utilisation de ressources fossiles et l’acidification.
Etude ACV Quantis pour La Poste, 2020
Depuis 2010, la campagne anti-greenwashing menée par Two Sides en France et dans le monde a permis que soient modifiées ou retirées des déclarations environnementales infondées de plus de 700 organisations concernant l’usage du papier, dont un grand nombre des plus grandes entreprises mondiales.
Ces allégations ne sont bien sûr pas toujours faites intentionnellement pour tromper les consommateurs. Très souvent, elles tiennent à une méconnaissance et de fausses idées, répétées, sur le papier et l’imprimé et leur performance environnementale. Il revient donc à Two Sides – et à chacun d’entre nous ! – de faire œuvre de pédagogie sur cette question, tant auprès des consommateurs que des entreprises.